I.2 AFRICAINS ET SATURNISME EN FRANCE: HISTOIRE D’UN CRIME D’ÉTAT QUI PERDURE – Contribution du Réseau MIR 28

Qu’ils aient ou non des revenus, les Africains du continent29 ont toujours rencontré d’énormes
difficultés pour se loger en région parisienne. Comme le privé refusait de leur louer de vrais
appartements, et que pour l’attribution d’un logement social, les célibataires n’étaient pas
prioritaires, beaucoup de travailleurs ont décidé après des années de célibat dans des
chambres insalubres, de se marier et d’avoir des enfants pour alors, étant devenus
prioritaires, renouveler leur demande de logement social.
20 voir 30 ans plus tard, ces familles n’ont jamais pu quitter ces taudis.
Dans ces taudis, il y a de vieilles peintures. Or le plomb est relâché par les vieilles peintures
(utilisées jusqu’en 1948) qui s’écaillent (radiateurs, bords de fenêtres, murs) et partent en
poussière.
Le plomb est absorbé par respiration et, pour les petits enfants, par ingestion car ils ont
tendance à porter à la bouche les morceaux de peintures qui ont un goût sucré : les enfants
sont ainsi les principales victimes avec un cerveau en croissance plus sensible à la toxicité,
une ingestion et une absorption digestive élevées, une inhalation importante lorsqu’ils jouent
ou courent dans les escaliers, et enfin une capacité d’élimination rénale faible.
Il est déconseillé aux familles de refaire elles-mêmes les peintures des logements et des
parties communes, car il ne faut surtout pas gratter (là le risque d’intoxication devient majeur
car inhalé, le plomb passe directement dans le sang), balayer à sec, ou utiliser l’aspirateur.
De surcroît la couverture des anciennes peintures par de nouvelles n’élimine pas le risque.
En fait, le traitement de ces peintures nécessite l’évacuation pendant un mois et demi des
habitants, et le passage par les services techniques spécialisés d’une colonne d’humification
pour faire tomber la peinture.
Pour la gestion quotidienne de la présence de ce toxique dans leur habitat, les habitants ne
peuvent donc que se borner à recouvrir les zones atteintes et à passer des chiffons humides
sur les bords de fenêtre, sur les meubles et sur les lits.
Le taux de plomb dans le sang est le principal marqueur de l’intoxication.
En France on estime qu’environ 100.000 enfants sont atteints et les contaminations sont
maximales chez les garçons entre 2½ et 5 ans.
A partir de 100 μg/l théoriquement on franchit le seuil d’alerte, et le patient relève de
l’urgence médicale et nécessite un relogement immédiat. Le corps médical estime qu’une
augmentation de 100 μg/l de plombémie provoque une perte moyenne de Quotient
Intellectuel (QI) de deux points.
Or en France des milliers d’enfants ont un taux supérieur à 250 mg et plusieurs cas ont été
enregistrés de taux dépassant 800 mg.
Parce que le plomb se stocke dans les os, les dents et les globules rouges et qu’il ne
s’élimine que très lentement, les fillettes intoxiquées devenues adultes connaîtront des
grossesses à risque ; en effet, même si elles ont déménagé la libération progressive par
leurs os de leur charge de plomb dans le sang, sera susceptible de contaminer le foetus
28 Mouvement International pour les Réparations.
29 la situation n’était pas la même pour les migrants amenés en masse des colonies françaises des Caraïbes
dans les années soixante soixante-dix pour désamorcer le développement d’une lutte pour l’indépendance.
Ceux-là étaient pris en charge, recevant un emploi dans la fonction publique (hôpitaux, poste, transports
collectifs) et un logement pour les fixer en France. Via les mariages mixtes, il était prévu qu’ils puissent être
absorbés par la société française.
3ème Partie
(perturbation de la croissance, malformations, intoxication du nourrisson au cours de
l’allaitement…).
Des morts par intoxication au plomb ont été enregistrées, et à partir des années 80
l’attention de l’administration française a été attirée sur le problème.
Puis à partir des années 90’ ce sont des cris d’alarme que des associations ont lancés. …En
réponse, LES AUTORITÉS MÉDICALES DE LA VILLE DE PARIS ONT ALORS INTERDIT
LA MENTION DU TAUX DE PLOMB CONTENU DANS LE SANG SUR LE CARNET DE
SANTÉ DES ENFANTS.
Pire, en 1999, un élu a fait publiquement le commentaire suivant : « il ne faut pas que la
saturnisme soit un effet d’aubaine pour obtenir un logement social » (Journal Le Monde,
édition du 6 novembre 1999). …C’est dire le déni de l’humanité des Africains en France,
puisque c’est de leur relogement dont il était question.
Bien qu’à partir de 1993 un Comité technique Plomb par le Ministère de la Santé ait été créé,
que diverses mesures législatives aient été adoptées, qu’à Paris (région la plus touchée) des
listes d’immeubles insalubres aient été dressées, en l’absence d’obligation légale de
relogement dans la législation française, il n’y a pas eu d’impact.
Pire, la course au profit bloque la résolution du problème : ainsi, plutôt que de débloquer des
financements pour aider les propriétaires qui n’en ont pas le moyen à rénover leurs
immeubles, il est préférable de laisser se dégrader ces immeubles pour ensuite, alors qu’il
sont menacés de démolition, les racheter à bas prix, et obtenir ainsi un terrain de grande
valeur, situé en plein coeur de la ville.
1. En n’éliminant pas le plomb des immeubles concernés, et
2. en ne relogeant pas les familles qui y vivent,
l’État français perpètre au quotidien un crime contre des dizaines de milliers d’enfants qui
pour la quasi-totalité sont d’ascendance africaine.
Et en ignorant officiellement le cas des familles n’ayant pas de titre de séjour en règle et dont
parents et enfants sont contaminés, ce sont les droits de l’homme que l’État français bafoue.