II – RETICENCE EUROPEENNE A RECONNAITRE LE
RACISME ANTI-NOIR
Contribution du Réseau MIR(30)

DÉCLARATION ET PROGRAMME D’ACTION DE VIENNE, 28-29 AVRIL 2001

Respectueux de la mémoire de nos ancêtres et du sacrifice ultime qu’ils ont payé, et soucieux que
ce souvenir ne soit jamais oublié; et
En tant que communauté, engagée dans l’élimination du racisme anti-noir partout où il existe dans
le monde; et
Conscients de l’énormité des déprédations des Holocaustes noirs (Esclavage et Colonisation) et de
la signification qu’ont ces époques historiques pour le monde entier; et
Dans un esprit de fraternité avec tous les peuples imprégnés d’un respect authentique pour les
droits des individus de toutes races, de toutes ethnies et de tous credo ; et
Dans le rejet de toutes les formes d’esclavage d’Africains et de commerce d’esclaves africains
(trans-atlantique, trans-saharien et trans-océan indien) et de colonisation de l’Afrique ;
QU’IL SOIT RÉSOLU QUE cette assemblée:
(…)
EXIGE DES GOUVERNEMENTS ET ORGANISATIONS qu’ils reconnaissent le racisme anti-noirs
comme une forme de racisme qui a sa propre spécificité, de la même manière que l’anti-sémitisme,
devant être différencié de toutes les autres formes de racisme, de discrimination et d’intolérance ; et
ENJOINT LES GOUVERNEMENTS ET AUTRES à condamner toute structure politique,
économique ou sociale qui a pour effet de promouvoir, d’encourager ou de faciliter le racisme antinoirs
; et
EXIGE des États qu’ils éliminent les disparités raciales dans l’éducation, le logement, le
développement économique, la santé et les soins sanitaires, l’environnement, la justice civile et
criminelle ; et
EXIGE des États qu’ils adoptent des mécanismes efficaces pour enregistrer et éliminer toutes les
formes de discrimination ouverte ou voilée, en mettant l’accent sur le racisme anti-noirs institutionnel
et structurel, dans l’éducation, le logement, le développement économique, la santé et les soins
sanitaires, la justice civile et criminelle ; et
ENJOINT les États et les agences des Nations Unies (comme l’Organisation Mondiale de la Santé)
à rassembler de façon régulière et systématique les données par race, par sexe et par classe socioéconomique
relatives à l’éducation, au logement, au développement économique, à la santé et aux
soins sanitaires, à l’environnement, à la justice civile et criminelle; et
EXIGE DES ÉTATS qu’ils cessent immédiatement la criminalisation du fait d’être noir;

Six années après la Conférence de Vienne, lors de la dernière réunion du Groupe de Travail
d’Experts sur les Personnes d’Ascendance Africaine (WGPAD, Genève, 2007), trois rapports
ont été mis à la disposition des participants par la Communauté européenne:
1) un rapport général sur le racisme et la lutte contre le racisme en Europe, qui ne comporte
aucune mention du racisme anti-noir;
2) un rapport épais sur l’antisémitisme contre les Juifs;
3) un rapport sur l’islamophobie (…un mot nouveau pour un concept ad hoc).
30 Mouvement International pour les Réparations.
3ème Partie
Soulignons l’anachronisme de la situation :
1) une réunion de travail en Suisse (donc en Europe),
2) sur les discriminations à l’encontre des Noirs,
3) et non seulement aucun document des institutions européennes sur la question, mais des
documents sur d’autres volets spécifiques du racisme. Sachant que, par exemple, aucune
violence institutionnelle ayant entraîné la mort n’a été recensée à l’encontre de personnes du
fait de leur confession juive, alors que des cas de décès de Noirs aux mains de la police sont
répertoriés dans la majorité des pays européens.

III – RECOMMANDATIONS

– Nous devons poursuivre notre combat pour la reconnaissance du racisme anti-noir par
les autorités européennes ;
– des initiatives comme celle prise en mars 2006 par le Carrefour de Réflexion et d’Action
contre le Racisme Anti-Noir (CRAN-Suisse)31 de convoquer à Genève la « 1ère
conférence sur le racisme anti-noir » sont les bienvenues ;
– la suggestion faite par Peter Flegel de Jeunesse noire en Action / Canada, lors de la
première session du WGPAD de publier périodiquement un rapport écrit collectivement
sur le racisme anti-noir et les discriminations rencontrées dans les différents pays,
demeure pertinente.

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