Deux militantes convoquées par les forces de l'ordre pour des destructions de statues. Par RCI Martinique 24/11/2020 - 11:03

Deux militantes RVN (Rouge vert Noir, qui sont les couleurs du drapeau panafricain martiniquais) sont convoquées ce jeudi par les forces de l’ordre. Ces auditions interviennent à la suite des destructions de statues à Fort-de-France et à Schoelcher en mai et en juillet 2020.
Deux militantes devront répondre aux questions des gendarmes et des policiers ce jeudi (26 novembre 2020) concernant la destruction de plusieurs monuments publics.
Convoquées par courrier hier , la militante connue sous le pseudonyme de Jay Asani et Alexane Ozier-Lafontaine devront se rendre respectivement au commissariat de Fort-de-France et à la gendarmerie de Schoelcher.

Selon le parquet de Fort-de-France, il s’agit d’auditions « pour déterminer les rôles des uns et des autres dans les déboulonnages des statues. Les motifs de poursuites seront précisés par le magistrat instructeur le cas échéant ».
Deux vagues de déboulonnage
Le 23 mai 2020, les deux jeunes femmes avaient revendiqué dans une vidéo le démontage et la destruction de deux statues de Victor Schoelcher, l’une à Fort-de-France et l’autre à Schoelcher le 22 mai 2020. Des actes qui selon elles visaient à dénoncer la pensée coloniale
et raciste de Victor Schoelcher malgré le rôle qu’il a joué dans le volet légal de l’abolition de l’esclavage dans les anciennes colonies françaises.
Quelques mois plus tard, en juillet 2020, un groupe de militants avait détruit les statues de Joséphine de Beauharnais et de Pierre Belain D’Esnambuc. La première dont la tête avait déjà été coupée en 1991 était une cible depuis longtemps pour les militants. Fille de colon, Joséphine avait épousé Napoléon Bonaparte qui avait rétabli l’esclavage en 1802 dans les colonies françaises.
Pierre Belain D’Esnambuc représentait la prise de possession coloniale de la Martinique. Après cette opération de destruction, Alexane Ozier-Lafontaine avait revendiqué les faits dans une nouvelle vidéo et avait lancé un ultimatum au maire de Fort-de-France concernant la porte du tricentenaire.
Finalement, la présence d’une fresque de Kokoh René-Corail autour de la porte et la mobilisation des membres du Parti Progressiste Martiniquais avaient contribué à changer les plans des militants.
Deux militantes convoquées par les forces de l’ordre pour des destructions de statues
(rci.fm)

Ce que nous voulons ajouter, pour replacer les évènements dans leur contexte, et ainsi mieux les comprendre. C’est que le combat pour la dénomination et le déboulonnage de l’espace public, de l’iconostase esclavagiste et colonialiste est essentiel. En effet, les militants du Mouvement Noir de Libération ont compris et dénoncé l’impact de cette pollution, qui empoisonne et entrave le libre arbitre de l’opinion publique, par l’utilisation des neuro-sciences. Ainsi les actes de déboulonnage et dénominations, relèvent d’acte de salubrité publique. Parce que l’iconostase suprémaciste fait l’apologie de crime et recel de crime afrophobes. Et que l’afrophobie n’est pas culturelle, mais criminelle.

Pour preuve que la campagne de déboulonnage & dénomination en Martinique, qui à intensifié la prise de conscience sur l’importance, de ne plus être soumis à la propagande suprémaciste, sans pouvoir se défendre contre ses effets nocifs, à renforcer la vague de mobilisation aux Etats-Unis, en Europe et dans le monde. Pour rappeler que lutter contre le racisme anti-noir consiste à démonter la fraude scientifique qui masque le mensonge d’Etat.
MIR-UNIV

COMMUNIQUÉ DU MIR ET DU CNR SUITE À LA CONVOCATION DEVANT LES POLICIERS ET LES GENDARMES DE JAY ASSANI ET ALEXANE OZIER LAFONTAINE

L’Etat français dans le but évident de déclencher des poursuites judiciaires à leur encontre a décidé de convoquer le jeudi 26 novembre à 9 heures, les deux militantes anti chlordécone et anti colonialistes,
Jay ASSANI et Alexane OZIER LAFONTAINE à l’hôtel de police de Fort de France et à la gendarmerie de
Schœlcher suite aux déboulonnages des statues de Schœlcher, Desnambuc et Joséphine de
Beauharnais.
Il s’agit d’une manœuvre d’intimidation honteuse et insupportable et qui ne fait que démontrer le
caractère colonial du système appliqué en Martinique.
Le Mouvement International de Martinique (MIR) et le Comité National pour les Réparations (CNR) de
Martinique Apportent un soutien sans réserves à ces jeunes militantes qui ont fait preuve de salut public en
déboulonnant les statuts représentant d’infâmes colonialistes et esclavagistes dont la présence dans
les lieux publics constituait une insulte à la mémoire de nos ancêtres.
Leurs actes méritent le respect et l’admiration de tout le peuple martiniquais qui doit leur être
solidaire.
Revendiquent leur participation pleine et entière à ces actes de déboulonnage des statues qui visent
à mettre fin à l’apologie des crimes contre l’humanité que sont la traite négrière l’esclavage des noirs
et le colonialisme.
Rappellent que cet acte a été le catalyseur qui a engendré une série de déboulonnage de statues
érigées à la gloire de criminels par de nombreux peuples opprimés partout dans le monde.
Constatent que la justesse de cette démarche a même impacté les gouvernements des pays de la
Caraïbe qui ont entrepris de déboulonner les statuts à l’effigie des criminels.
C’est pourquoi, Jay ASSANI et Alexane OZIER LAFONTAINE ne peuvent en aucun cas être inquiétées
pour avoir par cet acte courageux contribuer à libérer la conscience des martiniquais et des autres
peuples.
La France et ses sbires en prétendant exercer une répression contre ces militantes ne fait que
démontrer au monde entier qu’elle demeure une nation arriérée qui n’entend pas mettre fins à ses
agissements criminels et à sa vision colonialiste.

Elle l’a déjà fait en organisant l’empoisonnement des martiniquais par le chlordécone. Elle le fait
quotidiennement en Afrique en détruisant des populations entières pour s’emparer des richesses de
leur pays.
Le MIR et le CNR demandent au peuple martiniquais d’agir pour que l’état français cesse de persécuter,
frapper et torturer notre jeunesse qui revendique son droit naturel à la dignité et à la Vie.

Le 25 Novembre2020
Le Président du MIR et du CNR
G. MALSA